Les attentats du 11 septembre 2001 ont significativement et durablement altéré la perception américaine de la frontière avec le Canada. Historiquement perçue comme un lien d’échange entre deux pays amis, elle est dorénavant considérée par une bonne partie de la population et des décideurs américains comme une source potentielle de menaces. Les moyens de surveillance et de contrôle de la frontière ont été nettement renforcés et les modalités de passage de celle-ci sont devenues plus strictes, avec notamment l’obligation depuis juin 2009 de présenter un passeport ou un document équivalent à la frontière terrestre.
Conscients de l’impact négatif pour les échanges et de l’impossibilité matérielle de sceller une frontière longue de plus de 8 800 km, les gouvernements américain et canadien ont pris, dès la fin 2001, un ensemble de mesures destinées à assurer un équilibre entre sécurité et fluidité des échanges à la frontière. Le bilan en est pour l’heure mitigé. De plus, les positions du président Obama sur la frontière et sur le libre-échange ne vont pas toujours dans le sens des intérêts canadiens et québécois. Par ailleurs, la crise économique qui prévaut aux États-Unis aura pour effet de diminuer la demande pour les biens et services en provenance du Québec et du Canada, en plus d’alimenter des tendances protectionnistes chez une partie de la population américaine et au Congrès. Or, avec près de 70 % des exportations canadiennes et québécoises qui ont pour destination le marché américain, la frontière avec les États-Unis est un facteur déterminant pour l’activité économique et le niveau de vie au Québec et au Canada.
Dans un contexte de préoccupation sécuritaire et d’incertitude économique, les gouvernements québécois et canadien doivent donc prendre des mesures fortes pour faire valoir leurs positions sur un enjeu majeur et imposer dans leurs relations avec Washington une approche équilibrée de la frontière, entre impératifs sécuritaires et nécessaire fluidité des échanges. Dressant un portrait de l’environnement intellectuel dans lequel s’inscrivent les discussions américaines sur la frontière et identifiant des partenaires, tant au Québec qu’au Canada et aux États-Unis, cette étude propose des pistes et des recommandations pour atteindre cet objectif.