Le gouvernement de Stephen Harper met-il de l’avant une politique de sécurité internationale en rupture avec l’internationalisme privilégié par les gouvernements précédents ? Cet article vise à questionner l’émergence d’une contre-culture stratégique canadienne, sur la base d’une nouvelle idéologie néoconservatrice. Il procède à une analyse comparée de la gestion de crises des gouvernements Harper et Chrétien face aux guerres en Libye et au Kosovo. Il en ressort que, autant aux plans de l’alignement diplomatique que de la justification rhétorique, le gouvernement Harper a adopté des positions qui contrastent considérablement vis-à-vis de celles de ses prédécesseurs libéraux. En termes d’usage de la force militaire toutefois, les gouvernements Chrétien et Harper exprimèrent une prudence similaire, ce qui n’est pas le propre du néoconservatisme. Ceci nous amène à conclure que si une rupture idéologique semble être en cours, elle se manifeste pour l’essentiel en une stratégie de communication visant à mettre de l’avant une nouvelle identité internationale du Canada, plutôt que par la mise en œuvre d’une politique de sécurité internationale réellement guidée par des principes néoconservateurs.